Fuir la guerre lorsqu’on est en situation de handicap

Le conflit armé en Ukraine met en danger la vie de tout un peuple, mais les personnes handicapées sont malheureusement les plus vulnérables. Se mettre en sécurité et fuir est très difficile voire impossible sans avoir une aide.
Jusqu’à présent, parmi un million d’ukrainiens qui ont quitté le pays, près de deux-cent (200) sont des personnes souffrantes d’un handicap physique et/ou mental.

La possibilité de fuir le danger ou de se déplacer pour rejoindre un refuge sûr et sans accompagnateur rend la vie de ces personnes handicapées extrêmement menacée.

Tanya Herasymova, coordinatrice de projet pour le groupe militant « Fight For Right« , a déclaré que le manque de soutien disponible pour les Ukrainiens handicapés a rendu le passage de la frontière « presque impossible » pour beaucoup.

Elle cite : « en tant que femme handicapée, j’ai été confrontée à de nombreux obstacles en temps de paix et à beaucoup d’autres aujourd’hui lorsque j’ai essayé d’évacuer ma ville natale. Il n’y a pratiquement pas d’infrastructures accessibles en Ukraine, pas de transports accessibles, et maintenant, c’est un très gros problème pour les personnes handicapées qui veulent être évacuées. »
De plus, le manque d’accessibilité signifiait qu’elle devait compter sur le personnel de la gare pour la porter vers et depuis son transport : « les employés de la gare m’ont aidée, et j’ai pu monter dans le train et (…) m’ont portée dans les escaliers jusqu’à la sortie » explique-t-elle. « C’était horrible ».

La présidente « Yuliia Sachuk », spécialisée en politique et droit international comparé en matière de handicap à l’Université nationale d’Irlande Galway, affirme qu’à l’heure actuelle, les personnes handicapées sont le groupe le plus touché par la guerre en Ukraine : « Des personnes [handicapées] sont prises au piège, d’autres [handicapées] meurent ; nous avons été laissés derrière [….] Nous avons essayé de nous aider nous-mêmes, mais nous avons besoin d’aide. Nous avons besoin d’efforts d’évacuation accessibles et prioritaires pour les personnes handicapées »

Qu’en est-il des droits des personnes handicapées ?

Le droit international prévoit des lois et des accords sur ce que les états doivent faire lorsqu’il y a un conflit armé. Les droits des personnes handicapées y ont été inclus que très partiellement et la plupart du temps, elles ne le sont pas. C’est souvent le cas lorsqu’il y a une situation à risque pour tout le monde, comme les bombardements actuels en Ukraine par exemple.

La Convention relative aux droits des personnes handicapées adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) le 13 décembre 2006, et entrée en vigueur le 3 mai 2008 a pour objectif que les Etats parties à la Convention s’assurent que les personnes handicapées soient protégées :
● de manière équitable.
● d’une manière qui soit accessible.

Un autre instrument juridique est la résolution 2475 du Conseil de sécurité des Nations Unies de 2019 qui précise qu’en cas de guerre, les personnes handicapées doivent être protégées, aidées conformément aux droits des personnes handicapées et doivent être invitées à donner leurs idées sur la façon d’améliorer les choses et prises en compte dans les rapports.

Les Nations Unies disposent également d’un plan en faveur des droits des personnes handicapées, qui est appelé « stratégie des Nations Unies pour l’intégration des personnes handicapées ». Ce plan vérifie si le travail de l’ONU est conforme à la CDPH (Convention relative aux droits des personnes handicapées) et prend donc en compte les personnes handicapées et si les personnes handicapées sont incluses dans la planification de la résolution des problèmes.

La Convention de Genève est un autre accord qui rappelle aux Etats parties qu’en cas de guerre, il ne doit y avoir aucune discrimination concernant la protection des personnes et les hôpitaux doivent être protégés.

Malgré ces dispositions juridiques valables en cas de guerre, les personnes handicapées n’ont pas vraiment été prises en compte.
– Il n’y a pas de plans pour les types d’aides dont les personnes handicapées pourraient avoir besoin.
– Il n’y a pas d’avertissements accessibles lorsqu’un danger se profile.
– Il est très difficile pour ces personnes de se mettre en sécurité. Les lieux sûrs peuvent ne pas être accessibles ou ne pas être dans les conditions adaptées aux personnes handicapées.
– L’accès aux médicaments peut être un gros problème pour certaines personnes handicapées.

La situation actuelle en Ukraine montre qu’en réalité, en cas d’une guerre, ces accords et principes ne sont pas respectés et les personnes handicapées se retrouvent seules face aux bombardements.

« Nous avons été laissés derrière, et les seules personnes qui ont offert leur soutien sont les volontaires, sans eux on n’aurait pas été pu être évacués. » témoigne Tanya.

Actuellement des activistes tentent de coordonner l’accessibilité des abris, des évacuations et des services d’urgence pour ces personnes. Fight for Right, une ONG locale dirigée par des ukrainiens handicapés et dont l’objectif est d’aider ces personnes et leur fournir une réaction rapide en cas d’urgence comme la récolte des fonds nécessaires pour apporter le soutien dont les ukrainiens handicapés ont besoin pour s’échapper de la guerre. Ainsi, le développement d’actions collectives afin de faire des dons est de plus en plus présente sur le net.

Ecrit par Bleona N.